ArcelorMittal: comment en est-on arrivé la?
A l’image de la sidérurgie dans son ensemble, l’histoire de la phase à chaud liégeoise est ponctuée de périodes fastes, mais aussi de mutations et de crises profondes. Jusqu’à l’annonce confirmée de sa fermeture, mercredi soir, par la direction d’ArcelorMittal…
13 Octobre 2011
Tout commence en 1817, alors que la Belgique n’existe pas encore. Cette année-là, l’Anglais John Cockerill fonde sa première usine à Seraing afin de produire lui-même l’acier dont il a besoin pour construire ses métiers à tisser. Les décennies suivantes verront la sidérurgie se développer et vivre son âge d’or avant d’essuyer ses premiers revers, au début des années 80, quand la plupart des activités sidérurgiques liégeoises et carolorégiennes sont regroupées au sein d’une même société: Cockerill Sambre.
Cockerill Sambre, Usinor…
En 1998, la Région Wallonne, actionnaire majoritaire de Cockerill Sambre, cède la société et ses filiales au Groupe français Usinor. Début 2002, Usinor fusionne avec les Groupes Arbed et Aceralia pour former Arcelor. Début 2003, ce dernier annonce ses orientations stratégiques, qui visent à concentrer les investissements importants nécessaires aux lignes à chaud sur les sites les plus performants, situés en bord de mer. Cette décision devait conduire à la fermeture d’un des deux hauts-fourneaux de Liège mi-2005, ainsi qu’à l’arrêt de la ligne à chaud en 2009. Le haut-fourneau 6 est finalement mis à l’arrêt en avril 2005.
2006: naissance du groupe ArcelorMittal
L’année suivante, après le succès de l’OPA lancée par Mittal Steel sur Arcelor, le groupe ArcelorMittal est créé. Début 2008, le géant de la sidérurgie annonce l’abandon du projet de fermeture de la ligne à chaud liégeoise et rouvre, en février, le haut-fourneau de Seraing. Mais la crise économique passe par là et la phase liquide est arrêtée en mai 2009 « afin d’adapter le dispositif de production d’ArcelorMittal en Europe au très faible niveau de demande« . Le haut-fourneau serésien, lui, avait fermé en novembre 2008.
Quelques mois plus tard, en novembre 2009, le laminoir de Chertal est toutefois relancé et en avril 2010, c’est le haut-fourneau d’Ougrée qui reprend du service, représentant quelque 600 emplois directs pour le bassin sidérurgique.
Tensions
Mais les tensions sociales se font vives, au point qu’en mars 2011, la direction du groupe, irritée par les actions syndicales à répétition, annonce le gel des investissements pour la phase liquide à Liège. Durant l’été, cette dernière est arrêtée, comme prévu, mais un nouveau coup de tonnerre retentit début août, quand la direction générale confirme son maintien à l’arrêt pour le quatrième trimestre 2011.
Le mercredi 12 octobre, enfin, la direction du groupe annonce aux syndicats la fermeture de la phase à chaud liégeoise.
Article RTL.be
Mittal insiste sur sa volonté « de trouver des solutions socialement acceptables »
Le Premier ministre belge, Elio Di Rupo, a rencontré jeudi à Davos Lakshmi Mittal. Il lui a fait part du « mécontentement très fort » des gouvernements fédéral et wallon et lui a demandé de revoir sa position. A ce stade, Elio Di Rupo considère cependant que « les portes sont fermées ». Lakshmi Mittal aurait, lui, exprimé sa volonté de trouver des solutions socialement acceptables.
24 Janvier 2013
La direction d’ArcelorMittal a annoncé jeudi sa décision de fermer à Liège six lignes du froid et la cokerie, et de maintenir uniquement les 5 lignes qualifiées de « principales ». Ces 5 lignes, qui représentent 800 emplois, sont « stratégiques en raison de leurs produits de haute qualité, de leurs processus spécialisés ou d’avancées technologiques spécifiques« .
A Davos, Elio Di Rupo, qui a rappelé les efforts déjà consentis tant par les travailleurs que par les pouvoirs publics, a demandé au patron du groupe sidérurgique ArcelorMittal, Lakshmi Mittal, de refaire passer les « lignes flexibles », menacées de fermeture, dans son core-business en les requalifiant en lignes principales. A défaut, il lui a demandé de permettre au gouvernement wallon de trouver un repreneur pour ces lignes. Il a par ailleurs plaidé pour que le sidérurgiste continue à investir dans les 5 lignes restantes et dans le centre de recherches.
Mittal n’a rien promis
Lakshmi Mittal n’a à ce stade rien promis et n’est pas revenu sur sa décision. Il a précisé au Premier belge que la décision de fermeture avait été prise il y a deux jours, après de longues discussions. Lakshmi Mittal a également insisté sur l’engagement de son entreprise en faveur du dialogue social et sa volonté de trouver des solutions socialement acceptables, a affirmé le groupe dans un communiqué. « Monsieur Mittal lui a expliqué les raisons qui ont conduit le groupe à prendre cette décision douloureuse« , pointant « la grande faiblesse de l’environnement économique et de la demande d’acier« .
« Ma place est en Belgique »
Une réunion entre gouvernements wallon et fédéral aura lieu vendredi sur le sujet. Elio Di Rupo, qui devait pour sa part assister au Chili à un sommet réunissant les chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Europe, de l’Amérique Latine et des Caraïbes, a décidé de rentrer en Belgique jeudi en fin de journée directement depuis Davos où il a participé au Forum Economique Mondial. « J’ai annulé mon déplacement en Amérique du Sud. Le sommet était important mais ma place est en Belgique auprès des travailleurs« , a-t-il commenté.
Article RTL.be
Je suis assez pété de lire sur un site de la FGTb un article qui rend quasi explicitement et uniquement responsable des fermetures actuelles les tensions qui « se font vives, au point qu’en mars
2011, la direction, irritée par les actions syndicales à répétition, annonce… » blabla blabla. C’est quoi ce récit droitiste pourri… édité d’ailleurs par RTL si j’ai bien vu , sans commentaire
ici de la FGTB sur ce déni de réalité. Pire! Seul un combat fort aurait pu et pourrait avoir gain de cause, en toute circonstance, contre ce genre de monument d’écrasement humain que l’on nomme
multinationale! On le voit bien maintenant que c’est la seule formule vitale possible contre celui que tout le monde veut bien qualifier de « crapule » après lui avoir ciré les pompes, tité le
tapis rouge et allongé les cadeaux fiscaux et autres « avantages sociaux ». On ne gagne jamais rien à faire le moindre cadeau à ces gens-là ! RIEN ! Quand les socialistes arrêteront-ils d’essayer
de nous convaincre du contraire ? « Ils » (Mittal and brothers sans frontières) nous font la lutte des classes, ils n’ont jamais arrêté de nous la faire et nous, en face, on ne résiste pas, on
ouvre la porte en souriant, et on les laisse nous piller tranquillement le peu que l’on avait acquis !