23 Question de Mme Zoé Genot à la ministre de l’Emploi sur « le mal-être des chômeurs » (n° 12520)
23.01 Zoé Genot (Ecolo-Groen) : Monsieur le président, madame la ministre, Le Soir et la RTBF nous livrent, ce mardi 12 juin, les résultats d’une enquête menée par l’Institut de sondage Dedicated Research sur l’état de bien-être psychologique de la population en Belgique francophone pour le compte de Solidaris mutualité socialiste et sous le conseil scientifique du Dr William Pitchot, psychiatre au CHU de Liège.
Les réponses des personnes sondées indiquent clairement que leur moral est en berne et que notre société est de plus en plus anxiogène. Cela s’aggrave depuis cinq ans, selon les auteurs de l’étude. SeuI un Belge sur quatre ne ressent aucun mal-être, les autres sondés expriment des intensités de mal-être et de souffrances psychiques variables. Mais un sur dix exprime un profond mal-être permanent.
En effet, les chiffres révélés par cette enquête sur un échantillon de 1 000 personnes sont particulièrement inquiétants : 8 % des sondés ont déjà tenté de se suicider (avec 18 % de tentatives chez les 18-25 ans), 10 % se trouvent souvent ou très souvent en situation d’angoisse, d’anxiété ou de dépression, 5 % sont en dépression sévère. Chez les demandeurs d’emploi, on trouve 22 % de cas de dépression et 45 % craignent de tomber dans la précarité. Il ressort de l’enquête que les principales victimes de ces pourcentages affolants sont les femmes, les chômeurs et les jeunes entre 18 et 25 ans. Le constat de ce sondage est validé par un deuxième volet de l’enquête qui a consisté à interroger 130 professionnels de la santé.
Madame la ministre, avez-vous pris connaissance de cette étude ? Quelles réflexions en tirez-vous ? Ne craignez-vous pas que le contrôle de la disponibilité et la réduction des allocations de chômage aggravent stress, dépression et tentatives de suicide ?
23.02 Monica De Coninck, ministre : Monsieur le président, madame Genot, je suis heureuse que vous posiez cette question.
Je crains que les mesures prises par le gouvernement en matière de chômage ne soient souvent considérées que du point de vue de leurs effets négatifs potentiels. En effet, on ne tient pas suffisamment compte des effets positifs qui sont poursuivis. Ainsi, le contrôle de la disponibilité, en particulier en ce qui concerne le suivi du comportement actif de recherche d’emploi, est en premier lieu un moyen permettant d’accompagner, d’aider et de motiver les demandeurs d’emploi le plus vite possible. L’objectif est de ne pas laisser les demandeurs d’emploi livrés à eux-mêmes.
Nul ne peut contester le fait que rechercher un emploi peut causer du stress, des doutes ou de la frustration. Il ressort de l’expérience des facilitateurs ONEM qui mènent les entretiens que les demandeurs d’emploi puisent souvent des forces dans le fait qu’ils peuvent se décharger, en racontant les difficultés qu’ils rencontrent sur le marché de l’emploi.
Nombreuses sont les études qui démontrent qu’il est important de trouver un emploi. En effet, le travail procure non seulement un revenu mais aussi une place dans la société. Le travail aide aussi à se forger une identité et favorise les contacts sociaux. Il offre également des possibilités d’appliquer et de développer ses compétences et d’augmenter l’estime de soi.
Le suivi du comportement de recherche d’emploi est conçu de telle manière que l’on tient toujours compte de la situation spécifique du demandeur d’emploi. Ainsi, la législation prévoit explicitement que, lors de l’évaluation des efforts fournis pour trouver du travail, on tient notamment compte de l’âge du demandeur d’emploi, de son niveau de formation, de ses capacités, de sa situation sociale et familiale, de ses possibilités de déplacement et des éléments potentiels de discrimination.
Les facilitateurs de l’ONEM tiennent le plus possible compte des éléments qui sont évoqués par les services régionaux de l’Emploi. Je pense ici notamment aux problèmes liés aux difficultés médicales, mentales, psychiques et psychiatriques.
En ce qui concerne la dégressivité, je souhaite insister sur le fait que le nouveau système prévoit aussi des exceptions pour les groupes vulnérables, tels que les personnes qui ont atteint l’âge de 55 ans, qui ont une carrière professionnelle de 20 ans ou qui prouvent une incapacité de travail réduite permanente d’au moins 33 %. L’allocation de ces catégories n’est pas soumise à la dégressivité. Pour les autres catégories, cela peut être le cas, mais, les personnes isolées et les cohabitants avec un revenu unique reçoivent une allocation qui dépasse le revenu d’intégration.
23.03 Zoé Genot (Ecolo-Groen) : Monsieur le président, madame la ministre, je vous remercie pour votre réponse.
Trouver un emploi, bénéficier d’un bon suivi ou même d’une bonne formation est bon pour l’estime de soi et le moral.
La difficulté réside dans le fait que ce n’est pas ce qui est actuellement proposé. Pour ma part, j’ai eu l’occasion de rencontrer énormément de personnes qui sont très anxieuses à l’idée de rencontrer les facilitateurs, ce même quand elles effectuent réellement des recherches en vue de trouver un emploi.
Par ailleurs, le peu de temps dont disposent ces derniers pour réaliser leur mission ne leur permet pas d’exercer un véritable suivi, d’accompagner réellement les demandeurs d’emploi, ni de tenir compte de la situation spécifique de chacun. J’attire ici votre attention sur le fait que ce sont des facilitateurs qui m’ont informé de cette situation. À Bruxelles, par exemple, vu le temps nécessaire à la préparation d’un dossier, à la rédaction des rapports, etc., les facilitateurs ne peuvent accorder que 10 ou 15 minutes par personne. Ce laps de temps n’est pas suffisant pour…
23.04 Monica De Coninck, ministre : (…)
23.05 Zoé Genot (Ecolo-Groen) : Non, je parle ici du rôle des facilitateurs qui relèvent de la compétence fédérale. Les Régions sont compétentes pour l’accompagnement, etc., qui est d’ailleurs très insuffisant en Région bruxelloise, vu le nombre de chômeurs.
Pour en revenir aux facilitateurs, ces derniers ne disposent que de 10, voire 15 minutes pour effectuer leur travail.
Vous dites que la dégressivité ne touchera pas les personnes vulnérables. Or je puis vous dire que je rencontre quotidiennement des parents devant payer leur loyer en Région bruxelloise. Vu le niveau de leurs allocations, la moindre dégressivité va davantage encore les fragiliser, alors qu’ils sont déjà sur la corde raide.
[Chambre des représentants – Commission des Affaires sociales – Réunion du 3 juillet 2012 – Extrait du compte rendu intégral (CRIV 53 – COM 0529)]
Bonjour à tous, Comment!! Les facilitateurs ne facilitent pas!! Nous aurait-on menti? Bonjour monsieur le chômeur. Bonjour madame la facilitatrice, comment allez vous aujourd’hui? Oh! Vous savez
boulot, boulot avec tout ce que cela comporte, Et vous? Oh! Pour moi aussi pas boulot, pas boulot avec tout ce que cela ne comporte pas, mais je ne voudrais pas vous tracasser avec mes petits
soucis. Faites, faites je suis là pour ça, dites moi ce qui ne va pas? Vous avez le temps, parce que j’en ai des choses à dire? Faites je vous dis. Alors allons-y, depuis que l’usine à fermée je ne
comprends plus rien, avant quand je travaillais, je râlais souvent sur les chômeurs parce que je ne trouvais pas normal de travailler pour ces fainéants. Je me disais qu’ils avaient la belle vie,
mais ce n’est pas si rose, se sentiment de se sentir coupable de ne pas avoir d’emploi, cette manière avec laquelle vos anciens compagnons vous regarde, mais le pire c’est que l’on doit se séparer
d’un paquet de choses. Plus moyen de payer les traites de la voiture, fini les cours de danse de la petite. Le pire c’est que j’ai du dire à mon fils de partir de chez moi parce que je n’arrive
plus à finir le mois et à l’aider en même temps, il vient de finir son stage d’attente et si il reste chez nous nous allons être diminué tout les deux ou lui n’aura rien. C’est difficile de ne pas
pouvoir aider sa famille. Cet hiver nous avons du choisir entre manger et se chauffer car j’ai eu la note du mazout et celle-ci à énormément augmentée même si j’ai demandé l’aide du fond mazout,
c’est dur d’aller au CPAS et l’aide n’est pas très élevée. Je dois dire que faire des recherches d’emplois est assez frustrant, nous ne recevons pas beaucoup de réponses, bien sur j’en ai eu des
réponses et si j’en crois ce que l’on me répond, je ne corresponds plus à ce qui est demandé, je suis trop vieux moi, 45 ans et déjà trop vieux ? Mais dites moi je parle de moi et vous là dedans,
comment faites vous avec tous ces problèmes que les gens viennent vous confier ? Bah ! Vous savez chez nous on a le temps de s’occuper de ça et c’est d’ailleurs pour cela que l’on est payé. Mais je
vois que votre fils est dans une position difficile, d’après mes registres il n’a pas répondu à une convocation de l’ONem ? Et oui madame la formatrice, il n’a plus d’adresse alors son courrier
repart vers son destinataire. Que tout cela est bien compliqué, moi je ne demande rien d’autres de ne pas dépendre d’autres personnes et de faire un travail qui me convient, je ne demande pas plus.
Quel doux rêve, rêve de relations humaines où les personnes parlent entre elles et prennent le temps de l’écoute de l’un envers l’autre. Mais nous savons très bien que cela ne se passe pas comme ça
!!!!!! Père Olivier
Les personnes qui ont perdu leurs emplois depuis longtemps ont tendance à être plus malheureux que les personnes qui ont souffert de nombreux autres types d’événements négatives de la vie. Même
si un individu a perdu son conjoint par la mort ou le divorce, il a une meilleure chance de remonter à un niveau précédent de bonheur. Les personnes qui ont été sans emploi durant un an ou plus
ont tendance à éprouver plus de stress et d’isolement, et elles sont plus à risque de dépression, d’anxiété et d’autres maladies.