Le s CPAS wallons n’en peuvent plus. Ils en ont marre et sont écoeurés par les conséquences directes du Plan d’activation des chômeurs mis en place par le fédéral dont ils estiment payer injustement la dette.
Et ils ne tiendront plus longtemps à ce rythme-là. Un seul chiffre parlant pour exprimer le désarroi des centres publics d’aide sociale : en un an, le nombre de personnes sanctionnées par l’Onem, donc exclues temporairement ou définitivement du chômage et qui atterrissent dans les CPAS, a augmenté de 70,6 %. Les exclus du chômage représentent aujourd’hui 11 % du public des CPAS. Autant dire que l’impact budgétaire est considérable : entre 2008 et 2009, le budget consacré à l’aide des chômeurs exclus est passé de 18 à 36 millions. Et ce ne sont pas les 5 millions d’aide du Fonds spécial d’action sociale alloués par la Région wallonne qui changeront la donne. D’autant que sont exclus de ce budget tous les frais inhérents au traitement des dossiers.
Et puis, il y a tout l’aspect humain et social : devant faire face à un public en pleine explosion, les travailleurs sociaux ne peuvent pas se démultiplier et sont donc obligés de consacrer moins de temps à chaque cas individuel. La charge de travail est en augmentation constante pour des gens de « passage » puisque plus de 50 % des exclus du chômage qui atterrissent dans les CPAS le sont temporairement pour 4 à 12 mois. Comment dès lors monter un vrai projet avec eux ? Une dépense énorme d’énergie et d’argent. « Le problème, explique Philippe Defeyt, président du CPAS de Namur, c’est que notre système est normalement basé sur le fait que les CPAS font partie d’un système résiduaire. Autrement dit, ils ne doivent intervenir qu’en dernier recours. On ne peut pas entrer dans une logique où les CPAS deviennent un passage obligé. » Ce qui devient la norme aujourd’hui.
Exsangues financièrement et mal à l’aise humainement et socialement face au rôle qu’on leur fait jouer, les CPAS wallons tirent donc à boulets rouges contre le Plan d’activation des chômeurs qu’ils jugent plus répressif que réellement accompagnant.
L’objectif, disent-ils, ne doit pas être la sanction mais l’aide.
Ils demandent dès lors au fédéral de renoncer aux sanctions automatiques, aveugles et parfois surréalistes en tenant compte de la situation de chaque personne. D’autant qu’elles aboutissent à un transfert de charge du fédéral vers les Communes et les CPAS.
À tout le moins, concluent les représentants des CPAS, le fédéral devrait rembourser les aides octroyées aux exclus du chômage et intervenir dans les frais de personnel.