C’était il y a un an, jour pour jour …(5)
De bon matin face à la maison communale d’Ottignies, en contrehaut du marché. La criée aux esclaves bat son plein.
Le vendeur fou à la solde des boîtes intérim élimine la marchandise dont personne ne veut.
Ensuite nous nous sommes rendus à Louvain la Neuve où Christian Arnsperger , entre autres professeur d’économie à l’Université Catholique de Louvain , nous a fait l’honneur de nous recevoir.
Ce fut un moment magique, magnifique. Des SDF, des TSE, des universitaires, un prof d’unif, des syndicalistes, des militants, tous réunis dans une seule … classe. Nous avons pensé à ce texte de Bourdieu qui s’intitule : « le mouvement des chômeurs, un miracle social ».
Nous croyons que oui, là et à ce moment, s’est produit un miracle social.
Bruno et Gigi ont présenté notre démarche, puis Christian a enseigné pendant plus d’une heure. Pour lire le texte de son cours, qu’il nous a aimablement transmis à cet effet, cliquer ici.
Enfin s’est tenu un long débat. La parole était remarquablement libre, et toutes les personnes présentes dans ce petit auditoire, concentrées, à l’écoute, respectueuses.
Mélanger ainsi des personnes, issues de milieux très différents, généralement cloisonnés, et créer une effervescence prometteuse, c’est ce que nous avons fait ensemble.
Manu le cuistot (il y a deux Manu dans le groupe, le Manu cuistot et le Manu vendeur d’esclaves) nous sert un couscous sur un parking à LLN.
Le tout avec un réchaud dans la camionnette et du matériel sommaire : bravo !
Puis nous avons marché jusque Ottignies, où nous avions rendez-vous avec Jean-Luc Roland, le Bourgmestre.
Ca faisait chaud au cœur d’être un peu plus nombreux pour marcher. Merci aux TSE de Charleroi et de Namur, aux jeunes de Nivelles, d’Arlon et de Verviers, aux gens de « Solidarités Nouvelles », aux étudiants et à Co, notre jolie guide, d’avoir fait le déplacement pour partager ces moments avec nous.
Paul Trigalet, modeste et génial militant du droit au logement dans la région de Charleroi.
Nous sommes reçus à l’hôtel de ville.
Pierre Lévèque, responsable régional de la FGTB Brabant Wallon et Jean-Luc Roland, bourgmestre d’Ottignies-LLN. Tous deux soulignent que la grande pauvreté est bien présente dans le BW, contrairement à l’image de « Wallifornie » habituellement véhiculée.
Le Bourgmestre se dit très attentif à notre démarche. Nous lui offrons quelques exemplaires du livre « Paroles de chômeurs, écrits d’inutilisés » et l’invitons à présenter à son collège la motion de la FGTB Wallonne visant à supprimer le volet sanctions du plan dit d’accompagnement des chômeurs.
Merci à Paul Hermant pour sa belle présence et son soutien.
« Nous partîmes cinq cent mais par un prompt renfort nous nous vîmes cinq mille en arrivant au port ».
Hé bien non. Dur retour à la réalité. Sortis du train à la gare centrale nous sommes arrivés sur les marches de la bourse à Bruxelles, destination finale de notre périple. Ce moment très attendu par tout le groupe fut un peu dur à encaisser.
Une petite vingtaine de personnes nous attendaient, dont quatre Bruxellois qui nous avaient préparé des banderoles de bienvenue. Les slogans nous ont un peu étonnés. Nous n’avions pas écouté les infos de la semaine et n’avons pas fait le rapprochement avec les mineurs chiliens sortant du gouffre.
En tout cas, merci pour la démarche.
A noter : le seul endroit où on se fait ‘doucher’ de la semaine : c’est devant la bourse. La pluie tombe dru, ici sur les camarades Hollandais venus en vélo d’Amsterdam.
Leur groupe et le nôtre. Et point d’autre.
Nous avons un peu hésité. Puis nous nous sommes repris. Quasiment personne à l’arrivée ? Très peu de soutien pendant la semaine ? C’est pas grave.
Nous savons ce que nous faisons et pourquoi nous sommes là. La troupe se reforme, se regonfle, et produit une nouvelle fois la criée aux esclaves.
Merci à Anne Demelenne pour sa présence sous la pluie battante.
Des balletjes ou un stoemp ?
Puis une douche, chaude cette fois.
Relâche. Jusque tard. Fiers et heureux. Des p’tites étoiles dans les yeux.
A suivre …
Galerie de portraits du jour. (Merci à Jacques pour sa contribution).
Co+v