Pour chaque chômeur, un conseiller Forem
Wallonie Le contrat de gestion signé ce mardi
Cette fois, le Forem dispose d’un nouveau contrat de gestion, dont l’épure fut maintes fois corrigée. André Antoine (CDH) et les membres du comité de gestion l’ont paraphé mardi après-midi, non sans émettre quelques doutes quant aux modalités de son application.
Sur le papier, l’ambition ne manque pourtant pas. Ce nouveau contrat de gestion réorganise la structure du Forem en instaurant un comité stratégique (où le politique aura son mot à dire) et un comité d’audit, il garantit un seuil d’emploi à hauteur de 3.657 employés et instaure au sein de l’OIP de nouvelles règles de gouvernance. Mais c’est pour les demandeurs d’emploi qu’il apporte le changement le plus notable : désormais, chacun d’entre eux disposera d’un interlocuteur unique au sein du Forem. Ce conseiller référent réalisera le bilan professionnel du chômeur, lui proposera des offres d’emploi ou le dirigera vers une formation. Trois publics seront privilégiés dans un premier temps : les jeunes, les travailleurs qui viennent de perdre leur emploi et les chômeurs menacés par l’Onem.
« Mais les indications dont nous disposons pour le budget 2012, nous imposent un minimum de modestie par rapport à la manière dont nous mettrons en œuvre ce contrat de gestion », poursuit Thierry Bodson, secrétaire régional wallon de la FGTB, membre du comité de gestion.
En effet, il manquerait 42 millions pour boucler ce budget. Un trou qui s’explique par le gel de la dotation versée par le gouvernement au premier de ses OIP. Or elle fait perdre au Forem 3,5 % de son budget, explique Paul De Sacco (délégué CSC), tandis que la croissance naturelle de la masse salariale (hors saut d’index) représente à elle seule 3,9 %.
« De la poudre aux yeux » ?
L’inquiétude est grande car la marge de manœuvre est étroite. En effet, au sein de cette enveloppe, 550 millions concernent les subsides APE (aussitôt reversés) et 260 millions couvrent les salaires. Restent 200 millions pour le fonctionnement. « On risque de gratter sur le volume du personnel, sur la valeur des points APE ou sur la qualité de la formation », conclut Thierry Bodson, dont les craintes sont partagées par Marc Becker, son homologue de la CSC.
Et ce n’est pas tout : le front commun syndical (CGSP, CSC, CGSLB) énonce d’autres griefs. Le Forem compte ainsi trop peu de personnel statutaire (11 %) , ce qui prive 89 % du personnel d’une perspective de carrière. L’outil informatique est obsolète pour répondre aux défis de l’accompagnement individualisé. « Parfois, lors d’un entretien de 40 minutes avec un chômeur, on en passe 20 à aller d’un logiciel à l’autre », résume Paul De Sacco.
De plus, les futurs 650 conseillers référents seront amenés, en régime de croisière, à gérer un « portefeuille » de 300 à 400 demandeurs d’emploi (si l’on tient compte des chômeurs non indemnisés), calculent les syndicats. Qui dénoncent la surcharge de travail. Bref, si rien n’est fait, ils disposeront de trop peu de temps à consacrer à chaque chômeur. « L’accompagnement individualisé serait alors de la poudre aux yeux », prédit Thierry Bodson.
André Antoine, accueilli mardi après-midi sous les lazzis du personnel, a promis de revoir les syndicats pour aborder ces sujets. Il promet de moderniser l’informatique et une statutarisation progressive. Le personnel, lui, lassé d’attendre (le préavis remonte au 7 avril), sera en grève jeudi. Une première dont le ministre se serait bien passé.
LORENT,PASCAL
Article: lesoir.be