Du 11 au 17 octobre 2010, faites attention à la marche !
A. Présentation de la CRTSE Luxembourg
La Commission Régionale des Travailleurs Sans Emploi de la FGTB Luxembourg existe depuis février 2009. Il s’agit d’une assemblée syndicale de chômeurs(euses) militants(es).
En plus de ses activités courantes (formations, visibilité du groupe, suivi du blog…), la CRTSE Luxembourg s’est inscrite dans la campagne de la FGTB wallonne « Le capitalisme nuit gravement à tous les travailleurs ». Celle-ci vise principalement à faire retirer le volet sanctions du plan dit d’accompagnement des chômeurs.
Au fil du temps, la CRTSE Luxembourg est devenue un des principaux moteurs de cette campagne, multipliant les actions et mobilisations. Pour vous donner une idée de nos activités, vous pouvez visiter notre blog (créé et administré par les TSE) ou visionner une de nos vidéos.
Les actions phares de la CRTSE prennent souvent la forme de théâtre action en collaboration avec la troupe ‘Alvéole’.
B. Le collectif des marches européennes et « pourquoi marcher » ?
Voici deux extraits d’une intervention de Jean Faniel, politologue chargé de recherche au CRISP, à un colloque sur les mobilisations altermondialistes. Le premier situe le collectif « les marches européennes » dans son contexte et le second explique en quoi la marche revendicative est un outil particulièrement adapté aux TSE.
« Parmi les mouvements «antimondialistes» ou «altermondialistes», celui des Marches européennes contre le chômage, la précarité et les exclusions fait en quelque sorte figure de précurseur. En 1997 et 1999, des marches parties de différents pays ont sillonné l’Europe, regroupant des chômeurs, des personnes en situation de précarité (y compris des sans domicile fixe), mais également des salariés. Après avoir traversé plusieurs centaines de villes, ces cortèges ont rassemblé respectivement 50.000 et 30.000 manifestants lors des rassemblements tenus en marge des sommets européens d’Amsterdam (juin 1997) puis de Cologne (juin 1999) à l’appel du Réseau des Marches
…
Cet élément du répertoire de l’action collective n’est pas non plus propre aux mouvements de chômeurs …. Cependant, il faut reconnaître qu’une telle forme de mobilisation s’adapte bien aux sans-emploi, ceux-ci ne disposant par définition pas de l’arme de la grève pour faire connaître et aboutir leurs revendications. En outre, « la forme «marche» a [historiquement] permis à des groupes dominés, ayant un accès extrêmement réduit, voire nul, aux «lieux de pouvoirs» […] de se rendre visibles » . Ainsi, marcher à travers villes et campagnes avec des demandes et un objectif précis permet aux chômeurs, membres d’un groupe dit «à faibles ressources», «désavantagé» ou encore «marginalisé» selon les paradigmes utilisés , de faire connaître leur condition et leurs revendications non seulement aux autorités, mais aussi, plus largement, à l’opinion publique. Une telle démarche leur donne également la possibilité de côtoyer d’autres personnes vivant de semblables situations de précarité, d’» esquisser de nouveaux cadres et formes de sociabilité et, par là, [de] poser les fondations d’identités, de communautés et d’organisations originales »
Jean Faniel, » Les chômeurs entre action locale et altermondialisme. Le collectif belge des Marches européennes contre le chômage, la précarité et les exclusions « , in Anne Morelli, José Gotovitch (dir.), Contester dans un pays prospère. L’extrême gauche en Belgique et au Canada, Bruxelles, Peter Lang, 2007, pp. 197-219.
Cette année, dans le cadre des Marches européennes, différentes délégations (Pays-Bas, Allemagne, France – Nord Pas-de-Calais, Grèce, Turquie, Irlande, Angleterre…) convergeront vers Bruxelles le 16 et 17 octobre 2010.
Les 16 et 17 octobre auront lieu les premières « Assises européennes des précaires », organisées par le collectif « Les marches européennes ». Elles se clôtureront par une manifestation le dimanche 17 octobre.
C. Les messages portés
Le chômage de masse que nous connaissons depuis de longues années entraîne une précarisation généralisée de l’emploi. En précarisant les chômeurs via les contrôles et sanctions, ce sont les conditions de travail et les salaires de tous les travailleurs qu’on tire vers le bas. Les intérims, les CDD, les titres-services, l’emploi ALE deviennent la norme. Le sort des travailleurs, avec ou sans emploi, est plus que jamais lié.
L’idée est donc que des Travailleurs Sans Emploi marchent pour les travailleurs avec emploi. Pour démontrer le lien fort qui les unit mais aussi pour renverser les idées reçues, prendre l’opinion publique à contre-pied. Nos slogans seront : « travailleurs avec emploi, travailleurs sans emploi, même combat », « les travailleurs sans emploi marchent pour tous les travailleurs », « misère sans salaire ou salaire de misère ? »…
D. Les aspects pratiques de la marche (itinéraire et collaborations)
La CRTSE d’Arlon compte s’inscrire dans ce projet en quittant la province de Luxembourg le 11 octobre, pour arriver à Bruxelles le 17 octobre 2010.
L’itinéraire est déjà choisi, les étapes font plus ou moins 15 kilomètres (voir road book annexe 2).
Des collaborations sont envisagées afin de préparer un événement tous les jours : débat, conférence de presse, animations… (voir annexe 1) Pour co-organiser des évènements ou pour assurer l’intendance des marcheurs, nous aurons le soutien d’autres régionales de la FGTB (Namur, Brabant wallon), d’associations proches des précaires (Lutte Solidarité Travail à Namur, Collectif Solidarité Contre l’Exclusion à Bruxelles), ou encore de professeurs et d’assistants de l’UCL et de l’ULB. L’émission « Tout autre chose » du jeudi 30 octobre, de 10H00 à 11H00 animée par Martine Cornil sur « La Première » sera consacrée à la marche de la CRTSE.
Les marcheurs seront accompagnés d’une camionnette et d’un mobil home.
Celui-ci servira de bureau pour la mise en ligne d’articles et d’interviews sur le blog. Nous comptons également interroger des marcheurs ou des passants sur leur conception du chômage. Les vidéos seront ensuite diffusées sur le blog.
Vous êtes toutes et tous cordialement invités à marcher avec nous ! Mais nous ne pouvons malheureusement pas assurer l’intendance pour tous nos amis marcheurs… Prévoyez donc un casse-croûte !
Nous espérons que cette marche sera médiatisée au maximum. Le mouvement des chômeurs est de mieux en mieux relayé, les termes « travailleurs avec ou sans emploi », sont maintenant couramment utilisés, et la « vieille » idée « d’armée de réserve » retrouve toute son actualité. Cette bataille est aussi une bataille de mots !
N’oublions pas que, sous couvert « d’activation du comportement de recherche d’emploi », des dizaines de milliers de personnes, de familles, ont été exclues temporairement ou définitivement du droit aux allocations de chômage depuis 2004 ! Et que ces personnes exclues sont en grande majorité celles les plus en souffrance, les plus précarisées de notre société.
D’avance, nous vous remercions de l’intérêt que vous avez porté à ce courrier et de la bonne suite que vous y donnerez.
PS : N’hésitez évidemment pas à faire circuler ce document.