Chansons de chômage, par Marco Valdo M.I.
Il est mille façons de dire les choses; moi, je le dis en « chanson ». Généralement des parodies de chansons connues.
Comme je suis « chômeur » (un des 1.300.000 allocataires de l’Office national de l’Emploi – tiens, à propos, ils ne l’ont pas encore appelé OFEM – Office Fédéral de l’Emploi, ce doit être un oubli…), j’ai fait des chansons sur la situation des chômeurs en Wallonie. Je les appelle des « chansonchômes » wallonnes d’expression française.
Je me propose de vous les faire connaître. Et voici la première… Elle s’intitule : Je cherche un emploi…Tout un programme, tout un contrat.
Comme toutes, elle est précédée un petit commentaire un brin explicatif. J’aime bien faire des commentaires; faut dire que c’était mon métier, dans une autre vie.
Je cherche un emploi
Chanson « Dans la vie faut pas s’en faire » d’Albert Willemetz. Musique: Henri Christiné 1921
Parodie Marco Valdo M.I. 2008
Comme aurait dit Jean Yanne :
« Heureusement que Jésus-Christ n’est pas mort chômeur, sinon en Wallonie, il y
aurait des contrôleurs en granit à chaque carrefour. »
Cette chansonchôme est encore une fois une parodie d’une des chansons du vaste
fonds de la chanson populaire du temps où l’opérette, les chansonniers et la radio
laissaient encore un espace à la chanson populaire.
« Dans la vie faut pas s’en faire » fut écrite par Albert Willemetz. Un phénomène
Albert Willemetz, né à Paris le 14 février 1887 et mort en 1964, était un auteur
français connu pour ses opérettes et ses chansons populaires.
Albert Willemetz est considéré comme le « créateur de l’opérette moderne » pour
avoir imaginé des textes humoristiques et des interprétations originales à des
chansons qui font désormais partie du patrimoine musical, comme Mon homme,
Valentine, Dans la vie faut pas s’en faire, Les palétuviers, Ramona, Est-ce que je te
demande, Ah ! Si vous connaissiez ma poule, Amusez-vous, Félicie aussi, etc.
Au total, il écrivit plus de 3000 chansons, plus de 100 comédies musicales (dont Phi-Phi, Ta Bouche, Là-Haut, Dédé, Trois jeunes filles nues, Florestan Ier, Trois Valses),plus de 100 revues (dont sept avec Sacha Guitry), et des films. En somme, Willemetz est coupable d’avoir hanté et scié les oreilles à des générations entières.
Pour cette chanson, issue de l’opérette Dédé, son premier complice fut l’inénarrable Maurice Chevalier, qui roulait des airs comme un train de chemin de fer.
Pour en venir à ce que dit la parodie de Marco Valdo M.I., « Je cherche un emploi », elle fait dans le genre optimiste à tous crins. Optimiste béat, il faut l’être pour
obstinément chercher ce qui n’existe pas. Le héros – un chômeur évidemment, mais un chômeur, comment dire, un peu débile – est une sorte d’orpailleur qui auraitconfondu la haute Amazonie avec la basse Meuse et l’or avec l’emploi. En somme, à la fin, le résultat est le même : il reste dans la misère.
Dans le fond, d’un certain point de vue, il n’a pas tort ce « Dédé », « dans la vie faut pas s’en faire », c’est un excellent principe; pour l’appliquer, il faut un moral considérable.
Où il se trompe, le brave « Dédé », c’est quand il cherche un emploi qui n’existe pas.
L’affaire est mathématique et pour tout dire, purement statistique : près de 600.000 chômeurs pour environ 3.000.000 d’habitants, quand on a retiré les vieux, les femmes au foyer, les jeunes qui glandent aux études ou dans la rue sans avoir droit au chômage, les 600.000, c’est un énorme pourcentage de ceux qui ont pu bénéficier d’un emploi. Quant à en trouver – un emploi – dans un pareil marasme, il faudrait un miracle.
C’est l’histoire d’un de ces destins que l’on rencontre dans tous les bistros de Wallonie, divaguant entre deux bières; en dehors des bistros, ils sont terrés chez eux devant la télé à attendre le fameux « miraculo »… « miracolo ».
Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.
Licencié par mes patrons
Une fois, le préavis épuisé
J’étais stressé, je n’avais plus un rond
J’étais paumé, ma femme était partie
Tout autre que moi se serait dit
Tout ça, ça ne va pas aller
Il se serait tué d’un coup de couteau
Empoisonné, foutu à l’eau
Pendu ; bref, suicidé
Moi, je suis allé à l’Onem
Et j’arrête pas de répéter :
Dans la vie faut pas s’en faire
Moi je ne m’en fais pas
Toutes ces petites misères
Seront passagères
Tout ça s’arrangera
Je n’ai pas un caractère
À me faire du tracas
Croyez-moi sur terre
Faut jamais s’en faire
Moi je cherche un emploi
Quand je rentre chez moi
C’est un vrai calvaire
Je vois tout ce que je dois
Tout ce qu’il faudrait pour bien faire
Et comme je n’ai plus de quoi
Plus personne, plus de salaire
Je ne suis plus du premier âge
Et bien loin de la pension
Il ne me reste que mon courage
Et mon allocation.
Dans la vie faut pas s’en faire
Moi je ne m’en fais pas
Je vais à l’Onem
Je fais confiance au Forem
Je cherche un emploi
Je n’ai pas un caractère
À baisser les bras
Croyez-moi dur comme fer
Moi, je sais y faire
Je trouverai un emploi.
Je suis allé au Forem
Réclamer un emploi
On m’a dit cherchez vous-même
Pour vous, on n’en a pas
C’est comme ça le Forem
Quand on n’a pas d’emploi.
Je me suis motivé moi-même
J’ai fait toutes les boîtes d’intérim, mais ça sert à quoi
De faire des lettres, de se présenter soi-même
Quand il n’y a pas d’emploi.
Dans la vie faut pas s’en faire
Moi je ne m’en fais pas
Je vais à l’Onem
Je fais confiance au Forem
Je cherche un emploi
Je n’ai pas un caractère
À me faire du tracas
Croyez-moi sur terre
Faut jamais s’en faire
Moi je cherche un emploi
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