Des lois pour l’emploi ?

Thierry Verhoeven

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Le 1er novembre 2012, le gouvernement belge a modifié beaucoup de règles du chômage. Ces nouvelles règles sont le résultat d’un accord entre les six partis du gouvernement. Certains de ces partis n’étaient pas très favorables à ces changements mais ils ont accepté pour éviter que le gouvernement ne tombe. Certains partis d’opposition, les syndicats, beaucoup d’associations critiquent les nouvelles règles du chômage. Pour eux, ces règles sont injustes et ne créent pas d’emplois.

Voyons d’abord les principaux changements de la réglementation du chômage. Depuis 2012, les demandeurs d’emploi qui touchent des allocations sur base de leurs études doivent attendre un an avant de toucher des allocations. Avant 2012, il fallait attendre 9 mois. Ensuite, ces demandeurs d’emploi qui touchent des allocations sur base de leurs études ne touchent des allocations que pendant 3 ans. Avant 2012, leurs allocations n’étaient pas limitées dans le temps. Ces demandeurs seront aussi plus contrôlés. Depuis 2012, les demandeurs d’emploi qui touchent des allocations sur base de leur travail tomberont plus vite aux allocations minimum. Mais ils vont toucher un peu plus les 3 premiers mois. Un demandeur d’emploi doit accepter tout emploi jugé « convenable ». Si le demandeur refuse un emploi jugé « convenable, il est sanctionné et peut perdre son droit aux allocations. Depuis 2012, la notion d’emploi « convenable » aussi a changé. Avant 2012, le demandeur d’emploi devait accepter un emploi même si l’emploi ne correspond pas à son diplôme ou à sa profession habituelle, après 6 mois de chômage. Cette période est raccourcie : et pour les plus jeunes qui n’ont pas beaucoup d’expérience professionnelle, elle ne sera plus que de 3 mois. Le demandeur d’emploi doit aussi maintenant accepter un emploi même si la distance entre son domicile et le lieu de travail est de 60 km. Avant 2012, la distance était de 25 km. Par exemple, un demandeur d’emploi doit accepter un emploi à 55 km de son domicile même si la durée du déplacement dépasse 4 heures.

Un compromis

Officiellement, pour le gouvernement belge, ces nouvelles règles de chômage doivent permettre d’augmenter l’emploi dans le pays. Mais on sait que que le premier problème est le manque d’emplois. De plus, tous les partis politiques n’étaient pas d’accord avec ces nouvelles règles. En Belgique, plusieurs partis sont au gouvernement : les socialistes, les démocrates-chrétiens (centristes) et les libéraux. En plus, en Belgique, il y a les partis flamands et les partis francophones. Au gouvernement, il y a donc les socialistes flamands et les socialistes francophones, les démocrates-chrétiens flamands et les démocrates-chrétiens francophones, les libéraux flamands et les libéraux francophones. Et ces six partis doivent gouverner ensemble et trouver des accords. Ce sont surtout les partis flamands et les libéraux francophones qui ont demandé les changements des règles du chômage. Certains partis flamands voulaient même limiter dans le temps toutes les allocations de chômage. Du côté francophone, c’est surtout le parti socialiste qui ne voulait pas de ces changements. Il a fallu trouver un accord, un compromis entre les partis du gouvernement. Ces nouvelles règles du chômage ne plaisent pas à tout le monde. Les écologistes, par exemple, sont contre ces nouvelles mesures. Mais les écologistes ne sont pas au gouvernement. Pour les syndicats, ces nouvelles mesures sont injustes et elles n’augmenteront pas l’emploi. Et beaucoup d’associations qui travaillent à la réinsertion des chômeurs critiquent aussi les nouvelles règles. Et tous ces opposants font beaucoup de critiques.

Les critiques

Des dizaines de milliers de demandeurs d’emploi vont être sous le seuil de pauvreté. Et les demandeurs d’emploi qui ne touchent plus d’allocations demandent une aide du Centre Public d’Action Sociale (CPAS). Ce sont les CPAS, donc surtout les communes, qui vont devoir aider des dizaines de milliers de chômeurs. L’Etat belge fédéral fait donc passer une partie de ses dépenses sur les pouvoirs locaux. Moins de chômeurs, c’est aussi faire tout simplement une façon de faire des économies. Les nouvelles mesures sont injustes. Les demandeurs d’emploi qui ont travaillé retombent plus vite au minimum comme ceux qui n’ont jamais travaillé. Pourtant le gouvernement veut encourager les chômeurs à trouver un emploi… Les demandeurs d’emploi doivent accepter des emplois encore plus précaires. En réalité, ces nouvelles règles diminuent la qualité de tous les emplois. La nouvelle réglementation du chômage, surtout voulue par des partis flamands, n’est qu’un début. On limite dans le temps les allocations sur base des études. Demain, on risque de limiter dans le temps toutes les allocations de chômage. Et cette diminution plus rapide des allocations de chômage touche surtout des chômeurs de Wallonie. Car il y a plus de chômeurs de longue durée en Wallonie qu’en Flandre. La nouvelle réglementation supprime des chômeurs des statistiques. Et pourtant, ces chômeurs n’auront pas retrouvé d’emploi. Cette réglementation suppose que le chômeur ne fait pas assez d’efforts pour trouver un emploi. Si on diminue ou supprime les allocations, le chômeur ferait plus d’efforts. Mais cette réglementation ne créera pas de nouveaux emplois. Selon les syndicats, il y a en Wallonie une seule offre d’emploi pour 40 chômeurs ! Même si le chômeur fait tout ce qu’il peut pour trouver un emploi, il a peu de chances d’en trouver un…

Glossaire

compromis : décision après une discussion où chacun a fait un effort pour trouver un accord

réinsertion : le fait de remettre les chômeurs à l’emploi

précaire : fragile, qui n’est pas sûr, pas stable

 

Article: journal-essentiel.be

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