La dégressivité du chômage : une honte pour les femmes !
Voici un texte sur la question de la dégressivité des allocations de chômage produit par Vie Féminine et relayé par le CADTM notamment.
« Comme nous l’avons déjà dénoncé à maintes reprises, les mesures d’austérité touchent de manière plus violente les femmes car, dans notre société patriarcale, la majorité d’entre elles vivent déjà des inégalités sur le plan socioéconomique : discrimination à l’embauche, faiblesse des revenus, types de contrat (temps partiel, précaire, à durée déterminée, etc.), écarts de salaire, niveau de protection sociale (chômage, pensions, etc.)…
Cette situation, déjà inacceptable, va s’aggraver encore avec les mesures d’austérité décidées par notre gouvernement.
La preuve nous en est donnée aujourd’hui avec la décision de la mise en œuvre, dès le 1er novembre, du principe de « dégressivité accrue » du chômage, un principe prévu lors de la formation du gouvernement.
L’idée de la réforme, présentée comme complexe, est en fait très simple à comprendre : plus longtemps une personne a travaillé, plus longtemps elle gardera ses allocations de chômage intactes. À l’inverse, les personnes comptant peu d’années de travail seront plus vite sanctionnées.
Au total, presque la moitié des chômeurs seront touchés.
Les dégâts seront immédiats pour les différentes catégories de chômeurs, et plus violents encore pour les cohabitants, qui sont majoritairement des femmes.
« Concrètement, les chefs de ménage verront une diminution de 12 %, les isolés une baisse de 17,5 %. Les cohabitants seront les plus touchés : leurs allocations diminueront de 41,5 %, à 484 euros par mois. »1
Rappelons que les femmes sont surreprésentées dans le chômage de longue durée et dans le statut de cohabitant (une chômeuse sur deux est cohabitante contre un chômeur sur trois)2. Elles vont donc passer encore plus vite aux catégories d’allocations les plus basses, notamment le forfait de 484 euros par mois pour une cohabitante.
De plus, les dernières périodes de chômage au forfait ne seront plus assimilées pour la pension sur base du dernier salaire perdu, mais seulement sur base du droit minimum.
Quand on sait que 60 % des femmes touchent moins de 1000 euros de pension (contre seulement 30 % des hommes)3, on mesure l’impact d’une telle mesure dans un contexte où l’égalité des revenus entre hommes et femmes est loin d’être atteinte et où l’indépendance financière des femmes tout au long de leur vie est loin d’être garantie.
À tout cela, il faut encore ajouter les mesures d’activation et les restrictions concernant la définition d’un emploi convenable (impossibilité de refuser, dans un rayon de 60 km, des emplois qui impliquent une absence de plus de 12 heures ou des déplacements de plus de 4 heures entre le domicile et le lieu de travail).
Les femmes continuent donc à payer une lourde contribution à la crise !
Le 8 mars dernier, 18 organisations de femmes francophones et néerlandophones ainsi que deux syndicats ont demandé à rencontrer Joëlle Milquet, Ministre de l’Égalité des Chances4, afin qu’elle réalise un audit des mesures socioéconomiques par la mise en application urgente de la loi du gendermainstreaming du 12 janvier 2007.
Pour rappel, cette loi impose que chaque nouvelle mesure ou loi soit analysée selon son impact différencié sur les
femmes et sur les hommes, ceci afin de limiter les discriminations.
Deux mois plus tard, les organisations de femmes attendent toujours. C’est pourquoi nous en appelons une fois encore à la Ministre fédérale de l’Égalité des chances. Il est plus qu’urgent de mettre fin aux dégâts que provoquent les mesures d’austérité sur les plus précarisé-e-s d’entre nous ! « .
1 Source : http://www.rtbf.be/info/belgique (10 mai 2012).
2 BABILAS Liliane, « L’individualisation des droits dans l’assurance-chômage », Revue belge de
Sécurité Sociale, n° 2 (2e trim. 2009), p. 371.
3 Femmes et hommes en Belgique. Statistiques et indicateurs de genre, Bruxelles : Institut pour
l’Egalité des Femmes et des Hommes, 2011, p. 70.
Plus d’information :
Hafida Bachir – Présidente de Vie Féminine :
presidente-nationale@viefeminine.be – GSM : 0487/27.67.37 – Tél. : 02/227.13.01
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Source: La dégressivité du chômage, une honte pour les femmes !