« Le travail au noir, c’est facile »
Ivan Van de Cloot, vous êtes chercheur à l’institut Itinera.
La fraude au chômage, c’est
un mal belge ?
Les chiffres sont difficiles à obtenir, mais le député VLD Guido De Padt avait posé une question parlementaire à ce sujet et il avait obtenu des chiffres : entre 2004 et 2007, le nombre d’allocations indûment versées a augmenté de 86 % ! En 2007, près de 5 % des allocations versées par l’Onem à des chômeurs ou à des personnes en crédit-temps l’ont été de manière indue – que ce soit à la suite de fraude ou en raison d’erreurs, précisons-le. La fraude prend une envergure toujours plus importante. Et quand les fraudes sont identifiées, il est souvent trop tard : l’Onem ne récupère qu’une partie des montants fraudés. On constate aussi, en Belgique, l’absence de chiffres publics sur ces problématiques. Les chiffres que je cite n’ont pas été publiés par l’Onem, et ne figurent pas dans son rapport annuel. Ils ont été obtenus par le Parlement. Il y a manifestement un manque de transparence, en Belgique, sur ces questions, ou peut-être un manque de volonté…
Pourtant, le monde politique n’a jamais autant parlé de lutte contre la fraude sociale que ces dernières années.
C’est vrai. Et le soutien informatique est de plus en plus performant. On dispose aujourd’hui de beaucoup plus d’outils pour lutter contre la fraude. On peut notamment croiser les banques de données de la sécurité sociale et de l’Onem.
Alors pourquoi la fraude reste-elle à ce point courante ?
Parce que pour qu’une réglementation soit respectée, il faut que les gens y adhèrent, qu’ils trouvent ces règles équitables, et qu’ils sachent qu’ils risquent quelque chose en cas de fraude. Où il n’y a pas sanction, il y a fraude… Les gens font un arbitrage entre, d’une part, la probabilité de se faire attraper et la pénalité qu’ils risquent alors de subir, et d’autre part ce que leur rapporte la fraude.
Et en Belgique, la balance penche vers la fraude ?
Disons qu’il y a des opportunités, notamment à cause de la facilité d’accès au travail au noir, c’est classique. Et la probabilité de contrôle est faible. C’est un chantier où il reste beaucoup à faire.
Les contrôles doivent être améliorés ?
Les services qui doivent combattre la fraude ne sont pas homogènes. Ils sont répartis entre des organismes et des administrations différentes. On ne compte pas moins de cinq catégories d’inspecteurs différentes. Nous avons donc demandé la création d’une agence de contrôle.
DEMONTY,BERNARD
Article: lesoir.be