Les allocations de chômage
Le stage d’attente
Au-delà du nouveau nom (« stage d’insertion professionnelle »), voici ce qu’il en est :
Alors que le Stage d’Attente (SA) est actuellement de 6 mois pour les -18 ans, de 9 mois pour les -26 ans et de 12 mois pour les -30 ans, il passera à 12 mois pour tout nouveau « demandeur » partir de janvier 2012. Cela signifie que les jeunes actuellement en stage d’attente verront leur stage prolongé lors de leur réinscription au Forem à la fin du stage .
Au cours de ces 12 mois, un « entretien-bilan » sera effectué le 1er mois suivant l’inscription. La « recherche active d’emploi » des jeunes Demandeur d’Emploi (DE) sera ensuite évaluée tous les 4 mois. On passe donc à une Activation du Comportement de Recherche d’emploi (ACR) proprement dite durant le SA (elle ne commençait auparavant que 15 mois après l’inscription au SA).
A l’issue du stage d’attente (stage d’insertion), les allocations ne seront attribuées qu’à ceux dont les trois dernières évaluations ont été positives.
En cas « d’efforts insuffisants » donc d’absence d’évaluation positive tous les 4 mois, les jeunes ne toucheront pas d’allocations d’attente.
Comment faire pour avoir accès aux allocations d’attente en cas d’entretien négatif ? Rien n’est précisé dans le texte de l’accord gouvernemental. On peut imaginer que si le/la jeune a eu une évaluation négative au cours des 12 mois, son SA sera prolongé de 4 mois pour lui permettre d’obtenir une évaluation positive, ou de 8 mois s’il a eu deux évaluations négatives… ou pire, à voir puisque les trois dernières évaluations doivent être positives.
Si le jeune réussit à obtenir son allocation d’attente, il sera encore soumis à des évaluations et , en cas d’évaluation négative, son allocation sera suspendue pendant 6 mois (elle ne reprendra qu’après une évaluation positive).
2. Resserrement des conditions de l’emploi convenable :
C’était déjà pas brillant vu que, pour le FOREM, l’un des seuls critères qui désignait un emploi décent se référait à la distance à parcourir entre chez soi et le travail et le temps mis pour faire ce trajet : 50 km et trois heures max, aller-retour.
A partir de 2012, tout le monde sera obligé d’accepter un emploi à 60 km de distance (120 km aller-retour), indépendamment des heures de trajets… avec des services publics réduits, bonne chance aux personnes qui habitent dans des zones rurales !
De plus, le délai actuel de 6 mois pendant lequel un emploi est considéré comme non convenable sera raccourci et modulé en tenant compte de l’âge et de la durée de la carrière.
En gros, ça veut dire que moins on a de chances de trouver un emploi convenable (les plus jeunes et les plus âgés), plus on devra se satisfaire de boulots de merde !
3. les plus âgés maintenus au travail, moins d’emplois pour les jeunes
Les prépensions et les fins de carrière seront réformées, les plus âgés devront travailler plus longtemps, ils seront activés également. Maintien à l’emploi via des plans pour les travailleurs âgés >>> moins d’emplois pour les jeunes !!!
4. Création d’emploi
Mis à part :
Les 40 millions € destinés en 2013 au secteur non-marchand (censés créer 900 emplois, on verra…)
Un « programme de relance de l’emploi, en particulier pour les jeunes ». Une promesse dont le flou laisse deviner l’immense énergie qui y sera consacrée…
Le futur gouvernement ne s’engage concrètement à AUCUNE création d’emplois supplémentaires pour les jeunes (ni pour les autres, d’ailleurs).
Malgré cela, la Belgique s’est engagée envers l’Union européenne à augmenter son taux d’emploi de 5% d’ici à 2020.
La formule magique : plus d’activation donc plus d’exclus des allocations d’attente et des autres allocations ONEM qui seront de plus en plus heureux d’accepter des boulots de m… précaires et sous-payés.
En conclusion, les jeunes seront donc confrontés à :
– Une « activation » au cours du SA avec une démultiplication des entretiens et des sanctions (très lourdes). Avec un accompagnement du FOREM qui, en sous effectif, sera expédié et se réduira à de l’administratif pur et dur.
– Le conditionnement de l’octroi des allocations d’attentes aux trois derniers entretiens successifs positifs (sur 4)
– L’ACR actuelle (après 15 mois d’inscription)
– Une évaluation régulière supplémentaire de leur « démarche active » s’ils arrivent finalement à percevoir les allocations d’attente.
Soit une triple activation.
Qui prendra place dans le contexte suivant :
– Le taux de chômage des -25 ans est de 30% en Wallonie et de 39,7% à BXL[2] (moyennes 2010)
– L’introduction demandée par Fédergon d’un 4ème critère pour l’engagement d’intérimaires (« insertion ») laisse présager une explosion de ces contrats pour les jeunes
– L’élargissement à 50 jours annuels de contrats étudiants et la concurrence accrue envers les jeunes qui n’étudient plus
– Elargissement des critères définissant un emploi « convenable »
– Absence de mesures favorisant la création d’emplois durables
– Transfert de compétences vers les Régions (dont la « disponibilité ») avec une partie seulement des moyens financiers.
– Peu de refinancement pour la formation des demandeurs d’emploi
– Un système de bonus-malus budgétaire pour les services régionaux pour l’emploi qui afficheront de bons (bonus) ou de mauvais résultats (malus) en termes de remise à l’emploi.
Travail étudiant
* Ce qui change :
Tu pourras travailler comme étudiant (sous cotisations sociales réduites) pendant 50 jours et non plus 2 x 23 jours.
Ces cotisations s’élèveront à 2,71 % pour toi et à 5,42 % pour l’employeur (il n’existe donc plus de différences de % en fonction de la période à laquelle tu travailles).
Tu pourras travailler pendant 1 an au lieu de 6 mois sous contrat étudiant pendant une année civile.
Si tu dépasses 240h de travail pendant le 2ème trimestre, tu perdras le droit aux allocations familiales pour ce seul trimestre (et non plus pour le 2ème ET le 3ème)
*Ce qui ne change pas…
> Tu conserves tes allocations familiales si tu ne dépasses pas 240h de travail par trimestre
> Tu dois avoir 15 ans et avoir terminé les 2 premières années du secondaire
> Tu dois avoir reçu ton contrat au maximum le 1er jour de travail et éventuellement un règlement de travail
> Tu restes à charge de tes parents si tu ne dépasses pas 3.537,50€ brut/an (5.100 € si à charge d’un isolé)
Plus simple donc mieux ?
… NON ! Pourquoi ?
Sous le couvert d’une simplification tant attendue, on crée, une fois encore, une concurrence entre travailleurs !
En effet, actuellement la législation permet aux employeurs d’obtenir des réductions de cotisations lorsqu’ils engagent un étudiant. Un étudiant leur revient donc moins cher qu’un travailleur ordinaire. Le choix est vite fait !
Citons l’exemple de la distribution où les travailleur-euse-s à temps partiel travaillaient certaines heures en plus, pour pouvoir arriver à un temps plein ; ces heures seront maintenant prestées par des étudiants.
Cette concurrence se marque aussi entre les étudiants : ceux sous contrat normal (qui travaillent toute l’année pour financer leurs études) et les étudiants saisonniers.
Les nouvelles mesures proposées par la Ministre de l’emploi avantagent encore et toujours les employeurs et ne donnent pas plus de droits aux étudiants.
Les étudiants payent une cotisation mais n’obtiennent aucun droit ! Les Jeunes FGTB veulent que les jobistes puissent cotiser pleinement à la sécurité sociale et ainsi en bénéficier pleinement.
C’est plus avantageux pour eux puisque cela leur donnerait droit à un pécule de vacances (donc ils ne perdraient rien) et à des jours de congé.
De plus, l’année de travail pourrait être valorisée dans le calcul de la pension.
Dans cette situation, quel est celui qui l’emporte?
L’ étudiant payant des cotisations à la sécurité sociale sans en percevoir de retour ? Le travailleur se voyant remplacer par un étudiant ? NON !
Le gagnant, c’est l’employeur bénéficiant d’une main d’œuvre bon marché .
Magali HOUBA
Animatrice Jeunes-Etudiants Luxembourg
Pour info: Portail Belgium.be / Nouveautés au 1er janvier 2012