C’était il y a un an, jour pour jour …(6)
Après une nuit passée à l’auberge de jeunesse ‘Bruegel’, que nous vous recommandons si vous voulez un lieu avec chauffage en panne, douche froide le matin, pas de draps … mais un chouette bar !, nous voici rue Pletinckx, dans les bâtiments de la CSC, pour les assises européennes des chômeurs et des précaires. Le thème : ‘Comment lutter contre la pauvreté et le chômage aujourd’hui ?’.
Une centaine de personnes présentes selon les organisateurs, cinquante selon la police.
Les intervenants se sont succédés à la tribune, en provoquant des réactions diverses…
Cette journée nous avait été annoncée comme étant l’occasion de donner la parole à celles et ceux qui d’habitude ne l’ont pas.
Nous avons eu droit à Riccardo Pétrella, docteur en sciences politiques, à Francine Mestrum, docteur en sciences sociales, à Giséla Notz, sociologue, à Bleri Lleshi, philosophe …
Mis à part les TSE marcheurs présents, peu de précaires dans la salle. Mais des sociologues, philosophes, économistes, syndicalistes … venus en train ou en voiture.
A plusieurs reprises, pendant la semaine de marche, lors des conférences de presse et des rencontres avec les politiques, Bruno, notre porte parole, avait insisté sur les pauvres qui ‘sont parlés’ par des sociologues, philosophes, économistes, syndicalistes. Et qui donc se retrouvent privés de paroles.
La première partie des assises s’est déroulée selon ce schéma. Nous étions en colère.
Après le repas de midi nous avons réquisitionné la parole. Nous avons passé sur le grand écran les images et les textes des quatre premiers jours.
A la tribune Olivier, notre ancien président, nous fait le plaisir de sa présence.
Damien aux commandes du PC et Gigi qui lit les textes que nous avons postés les jours précédents.
La qualité de l’écoute dans la salle était perceptible.
Nous pensons qu’il est important, indispensable, que des intellectuels soient payés pour triturer des idées, conceptualiser. Mais il est aussi important qu’ils rendent le monde plus audible. Et cet effort de vulgarisation est rarement présent.
Lors de notre passage à l’UCL, Christian Arnsperger avait demandé aux TSE et aux SDF présents ce qu’ils attendaient des intellectuels. Quelqu’un avait pris la parole pour retourner la question. Qu’est-ce que eux, étudiants, enseignants, chercheurs, attendent des précaires. Et au-delà, qu’est-ce que nous, tous ensemble, pouvons imaginer, envisager, créer.
De belles synergies entre des milieux si cloisonnés doivent être possibles.
Le restant de la journée a été plus intéressant. Des jeunes de la Joc, des représentants Français et Allemands de mouvements de chômeurs, des représentants des combats des travailleurs sans papiers, des syndicalistes … sont intervenus à la tribune.
A droite Zoé Genot, Députée Fédérale Ecolo, accompagnée de sa fille, qui nous a rendu visite et assurés de son soutien. Zoé fait partie des rares élus à s’intéresser, de près et sur le terrain, à la vie des pauvres.
Gregory qui, avec Nathan (dont nous n’avons malheureusement pas de photo) a organisé et coordonné les assises. Merci à eux pour leurs attentions et leur disponibilité.
Manu a écrit un texte qui résume ce qu’il a retenu de cette journée :
intérim pendant 18 ans. Contrat servant de période d’essais pendant un an. Rendez-vous avec les employeurs annulés sans raison. Puis, au moment de signer les contrats … plus personne.
Du travail forcé (déguisé) en Hollande ou en Allemagne. A Bruxelles, toute une partie de la jeunesse mise au rencart pour garder des villes propres, des villes sages, des bien rangées, plus de 20 % de la jeunesse bruxelloise au chômage sans compter les minimexes ni ceux qui sont exclus et qui n’ont plus rien, même plus de statut. Des salaires à la limite du seuil de pauvreté, des chiffres du chômage faussés par les radiations, sans parler du constat déplorable sur les réalisations des décisions prises pour lutter conte la pauvreté et le chômage à la Communauté Européenne, des sociologues qui nous expliquent que tout cet argent et toute cette énergie ne sont utilisés que pour protéger un système qui, à l’évidence, ne fonctionne que pour quelques personnes privilégiées.
Des états qui frottent la manche aux entreprises de peur de les voir partir dans un autre partie de la communauté européenne (nos voisins, nos nouveaux associés).
Par contre, nos homologues Flamands, Français, Allemand, Hollandais, tous demandaient une unité pour pouvoir faire entendre nos revendications et apporter une dimension sociale à la construction de la politique européenne.
Le soir au Beursschouwburg, tous les participants sont réunis pour prendre un repas, un ou plusieurs apéros, et surtout pour discuter, échanger.
Et c’est probablement là que les choses qui comptent se sont passées. Nous avons établi de très bons contacts avec plusieurs représentants de chômeurs européens. Nous pensons que de ces contacts vont naître d’autres belles rencontres et des collaborations. Nous vous tiendrons au courant.
Pendant la soirée un groupe de travail s’est réuni pour préparer la journée du lendemain. Ici les marcheurs planchent sur les propositions du Luxembourg.
Ensuite, retour à l’hôtel et une petite fléchette au bar accompagnée de grandes discussions pour refaire le monde …
A suivre pour le septième et dernier épisode de la semaine …