Le Forem manque de moyens
Wallonie L’action prévue le 15 septembre vise à dénoncer la situation actuelle
Au printemps, on s’était quelque peu gaussé de ce préavis d’action long de cinq mois : les trois organisations syndicales du Forem (CGSP, CSC, SLFP) l’avaient déposé le 15 avril, avec échéance au 15 septembre. C’est à présent une certitude : une action touchera l’OIP (Organisme d’intérêt public) wallon de l’emploi dans un peu plus de deux semaines. C’est que la situation est loin d’y être idyllique, alors que le ralentissement économique ravive la crainte d’une hausse du chômage et que la potentielle réforme de l’État devrait accroître les responsabilités régionales en matière de remise au travail. Les motifs de mécontentement n’ont pas disparu.
–1 Accompagnement des chômeurs.
Dans notre édition de ce week-end, le ministre wallon de l’Emploi faisait état de 679 référents uniques chargés de l’accompagnement individuel des chômeurs. Renseignements pris au Forem, on serait en fait à 679 agents, correspondant à 527,2 équivalents temps pleins. André Antoine (CDH) escompte en outre affecter à terme 700 personnes à cette mission, par le biais d’une mobilité interne au Forem. Mais dans les rangs syndicaux, on émet de sérieux doutes. « Il y a eu trois appels à candidatures pour les aspirants conseillers référents, avec une formation et un examen, explique Paul De Sacco, délégué CSC. Lors de la troisième vague, il y a eu assez peu de candidatures ». La veine interne serait donc sur le point de se tarir. Quant à savoir si quelque 700 référents uniques pourront suivre correctement les 200.000 demandeurs d’emploi wallons, c’est une autre question. Qui, elle aussi, ne manque pas de diviser les observateurs.
–2 Manque cruel de moyens.
Le préavis d’action déposé au printemps dernier s’adressait au gouvernement wallon. Il dénonçait une série d’éléments altérant le bon fonctionnement de l’OIP. D’abord, le gouvernement wallon ne prévoit pas de statutariser une partie du personnel contractuel. « Or être agent statutaire est le seul moyen de mener une carrière au Forem, rappelle Paul De Sacco. Or le personnel statutaire y représente actuellement 11 %, pour 27 % en moyenne dans les autres OIP et 63 % au sein du Service Public de Wallonie ». Outre la démotivation, cette situation suscite une perte de légitimité : des contractuels sont nommés à des postes de direction comme « faisant fonction », sans jamais disposer du titre et de la pleine autorité de la fonction. Autre souci : l’outil informatique doit également être modernisé, afin de permettre une meilleure gestion des dossiers (notamment dans le cadre de l’accompagnement individuel des chômeurs). Or la situation budgétaire wallonne ne le permet pas : le gouvernement a même supprimé l’indexation du subside de fonctionnement du Forem. Résultat : les salaires du personnel seront indexés sur fonds propres, avec un risque de déficit dès 2012, selon la CSC.
–3 Contrat de gestion attendu.
André Antoine peaufine une réforme ambitieuse du fonctionnement interne du Forem, entérinée avec l’approbation du nouveau contrat de gestion. Las ! Celui-ci se fait attendre. La dernière version avait été rejetée par le comité de gestion du Forem en juillet dernier. Une nouvelle mouture est actuellement en préparation. Mais les incertitudes concernant la régionalisation de la politique de l’emploi pourraient encore ralentir le travail du cabinet du ministre wallon de l’Emploi.
Le Forem bientôt privé de comité de gestion ?
Le Forem bientôt privé de comité de gestion ? Le Forem va-t-il perdre son comité de gestion ? Le 5 août, la CGSLB a déposé un recours en annulation devant le Conseil d’État ; il vise l’arrêté du gouvernement wallon du 26 mai dernier désignant les nouveaux membres de cet organe exécutif où siègent les partenaires sociaux et l’administrateur général de l’OIP.
Motif du recours : depuis 2008, le syndicat libéral demande au gouvernement de pouvoir intégrer le comité de gestion du Forem, aux côtés de la FGTB et de la CSC. En vain. « Pour nous, il s’agit d’un enjeu stratégique important car c’est là que se prennent des décisions qui concernent nos affiliés demandeurs d’emploi », insiste Christian Lochet, secrétaire régional wallon adjoint au sein de la CGSLB. Sans parler de l’iniquité que cela engendre entre les trois syndicats.
En sus, FGTB et CSC reçoivent chacune, de par leur présence au comité de gestion, un subside de 459.000 euros par an (depuis 2005) pour accompagner les demandeurs d’emploi dans leurs démarches. Elles ont ainsi pu engager chacune onze accompagnateurs syndicaux.
Le Conseil d’État dispose de 4 mois pour se prononcer sur ce recours. En cas de succès, le gouvernement wallon serait amené à rectifier le tir. Et à composer un nouveau comité de gestion.
LORENT,PASCAL
Mardi 30 août 2011
Article: lesoir.be