Ecrire, second épisode
Dans le cadre de la semaine « Fureur de Lire » organisée chaque année par la Communauté Française, les stagiaires des groupes de remise à niveau du CEPPST (Centre d’Education Permanente de la FGTB Luxembourg) ont travaillé sur le livre « Paroles de chômeurs, récits d’inutilisés ».
Ils ont entre autres participé à des ateliers d’écriture.
Pour ce second article, nous sommes avec le groupe d’Arlon qui a travaillé d’une manière un peu différente de celui de Marche mais en poursuivant les mêmes objectifs. Ils ont également sélectionné les passages qui leur semblaient les plus parlants dans le livre.
Nous avons le plaisir de vous faire part de leurs textes et des extraits retenus :
Un travail, des travaux …
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C’est la main dans la main
Depuis mon enfance, j’ai vu mon père qui a travaillé dur à l’extérieur et ma maman, formidable, qui s’est occupée de nous sans attendre de contrepartie.
Tous les deux effectuaient leurs activités dans la joie et dans la peine, pour nous assurer un bon avenir, pour vivre mieux qu’eux, une vie meilleure.
Ensemble, avec l’entraide, la volonté et la confiance en soi, on va y arriver.
Petit à petit les oiseaux font leur nid.
C’est qu’après la pluie il y a le beau temps.
Qui ne travaille pas, ne mange pas.
Etre fort face aux aléas de la vie et être encore là cent ans plus tard.
La question se pose : « Est-ce qu’on saura prendre la relève comme il faut ? »
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Un travail, des travaux… dans la vie, nos sommes tous concernés. Cela démarre à l’enfance puisqu’étant enfant, nous devons travailler à l’école pour apprendre à lire, à écrire, pour se qualifier. Après, on se lance dans le monde du travail ; bien souvent, on plonge sur la première offre qui se présente juste parce qu’on est jeune et qu’on est pressé de gagner de l’argent. Puis les années passent et vient le mariage, la maison, les enfants et ça, c’est un autre travail. En tant que maman, on est parfois amenée à quitter son emploi qu’on avait depuis plusieurs années car on a des difficultés de garde avec les enfants. Alors, on s’accorde quelques années avec nos petits bouts. On reste à leur côté jusqu’au moment de l’école. Puis on se retrouve à la maison seule avec du temps libre, subitement. On fait appel au FOREm, on demande des formations, une remise à niveau car on souhaite retravailler et se donner une seconde chance pour travailler dans un domaine qui nous intéresse vraiment. Mais après plusieurs années comme maman au foyer, on manque de confiance en soi. Il faut prendre son courage à deux mains et se lancer dans les cours. On ressent tellement de satisfaction quand on voit toutes ces semaines de cours qui passent et toutes ces choses apprises ou réapprises. C’est non seulement une fierté personnelle mais aussi dans le but d’apporter plus à sa famille.
Je viens de lire dans une phrase un livre : « Si j’étais un animal, je serais un tigre et je reviendrais avec une proie pour nourrir ma famille. » C’est tout à fait le sentiment que l’on ressent, le but à atteindre. Les efforts nous préservent des courbatures.
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Le travail, les travaux…
Les problèmes qui se posent aujourd’hui nous mettent la corde au cou. Donc, mon loyer est calculé et je ne façonne une matière que si j’ai de l’argent. Si je n’ai pas d’argent, cela tombe à l’eau.
Le travail donne satisfaction de ce que l’on a accompli.
La vie est un combat journalier et toujours vers l’inconnu et qui touche tous les chômeurs. Il faut rester optimiste.
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Un travail, des travaux, ce n’est pas rester sur place ; il faut bouger pour vivre. Le CPAS et le chômage, ce n’est pas un travail. Pour travailler, il faut un diplôme, mais pour avoir un diplôme, il faut faire des études, apprendre et savoir beaucoup de choses. On veut toujours être disponible pour un bon travail, mais ce n’est pas toujours comme on le souhaite. Des travaux donnent satisfaction de ce que l’on a accompli.
Quand on entend le mot travail, ça donne une idée positive. Pour trouver un travail, on essaie de faire le meilleur de notre CV et de la lettre de motivation. Se démener pour toutes ces recherches et se donner à fond dans les formations nous préserve des courbatures.
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Quand pourrais-je moi aussi dire « Oh, je suis fatigué ; j’ai beaucoup travaillé aujourd’hui. »
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Non pas « comment ose-t-elle ? » mais « pourquoi n’osons-nous pas ? »
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Je me sens seul, je médite, je réfléchis à tout et à rien. Je fais du rangement. J’ai très rarement les idées noires.
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Peut-on vivre dans l’incertitude ?
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Le travail, c’est un moyen d’existence forcé pour vivre ou essayer de vivre.
Va falloir du courage et de l’espoir.
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Recherche d’emploi : une étincelle qui pourra me faire apercevoir le bout du tunnel.
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Le temps travaille pour nous. Le temps, c’est de l’argent.
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Les travaux pénibles dans certains pays où il n’y a pas de lois et d’humanités ; des gouvernements qui amènent au chômage dans nos pays. Car nous sommes respectueux du libre échange, nous ne mettons pas de taxe exportations sur les marchandises qui rentrent dans notre pays.
Donc nous avons moins de travail et d’argent, même si l’argent ne fait pas le bonheur, mais on est malheureux de ne pas en avoir et on est obligé de trimer plus et ça ne nous préserve pas des courbatures.
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Un travail, des travaux… Où est le sens du travail ? A droite ? A gauche ? Je pense que non.
Il faut rester optimiste comme ça, tu peux passer partout, tu peux monter au sommet de l’escalier.
Il faut profiter de la vie.
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Un travail, c’est l’avenir. Sans travail, il n’y a pas d’argent et sans argent, on ne peut pas imaginer la vie.
Pour certains d’entre nous, trouver un travail, c’est trop difficile. Comme on ne parle pas bien la langue française, demander un travail, ça veut dire avoir fini avant de commencer.
Les patrons préfèrent prendre les gens qui n’ont pas de difficultés pour s’exprimer en français. On est obligé d’accepter des travaux qui ne sont pas du tout des travaux qui nous conviennent.
A mon avis, travailler dans le domaine que l’on n’aime pas, c’est se jeter dans le vide. On n’est jamais content, on est stressé et on perd confiance en nous-mêmes.
Pour profiter de la vie, c’est très important de trouver un travail qu’on aime.
Tout en essayant de trouver un travail qui ne nous fait pas trimer qui nous préservent des courbatures.
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Le travail permet d’avoir une bonne vie. Quand on travaille, on peut manger, s’habiller et payer les factures.
Le travail, pour moi, c’est un besoin de me sentir utile pour les autres.
Quand on travaille, c’est l’argent ; s’il n’y a pas de travail, il n’y a pas d’argent. On sera malheureux.
On dit « l’argent ne fait pas le bonheur » mais nous préserve des courbatures !
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En changeant de vie et de pays, j’ai besoin de chercher un autre travail. Mais ce sera difficile car je suis loin de l’emploi depuis un certain temps.
Les enfants qui étudient pensent déjà à un métier. Après les études, ils doivent trouver un travail.
Quelqu’un qui ne trouve pas de travail touche du chômage.
Chercher du travail, c’est fatigant, stressant et ça m’ennuie.
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Un travail, des travaux…
-aux, pluriel de certains noms en –ail ! Déformation professionnelle. Je n’y puis rien. C’est à force de donner des cours de français.
Oui, j’ai de la chance. J’ai un travail. Un travail qui me plaît, un travail que j’aime. Et « on » me le rend bien.
Je me sens utile, « on » a besoin de moi. J’ai une place dans la société, un rôle à jouer.
Souvent je m’interroge. « Et si tu perdais ton travail ? Que deviendrais-tu ? »
J’ai peur. ça pourrait m’arriver. Je ne suis pas à l’abri. La crise continue ses ravages. La boule de neige grossit. Va-t-elle me balayer sur son passage ? Si du jour au lendemain je devenais une T.S.E., une D.E. – dans le jargon ONEm – saurais-je rebondir ? Aurais-je la force et le courage de me battre ? Parviendrais-je à combler mon ennui ? Que ferais-je de mes longues journées « sans emploi » ?
Mon travail, c’est ma vie et même si parfois il m’épuise, je ne pourrais pas m’en passer ; il me préserve des courbatures !
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Il paraît
que :
Le travail, c’est la santé,
que
Rien faire c’est la conserver,
que
Les prisonniers du boulot
Ne font pas de vieux os !
Alors, travail ou non-travail ?
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Un travail, des travaux…
La vie sans travailler n’est pas seulement ennuyante, c’est aussi une vie remplie de privations, surtout quand on n’a pas de richesses de base.
Couché tôt ou tard, à vingt ou trente ans, même plus, les non-placés ne trouvent plus leur milieu social. Or personne ne choisit de ne pas avoir de place. Pourtant, le sentiment de culpabilité des sans-emplois transpire. Le regard vers le haut, plongé dans les rêves, la question du travail est toujours perçue comme une valeur centrale et structurante de la vie en société.
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Je voudrais avoir une belle vie…
Dans la vie, il y a toujours des problèmes. Tout dépend de comment on va s’en servir. Les problèmes de la vie nous aident à avancer, à faire des efforts. Les problèmes ne doivent pas nous arrêter.
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L’argent ne fait pas le bonheur…
Mais si tu n’as pas d’argent, tu ne peux pas manger. Aussi, il faut chercher du travail. Si tu ne trouves pas de travail, un jour, tu dormiras dans la rue.
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Si vous obtenez un bon diplôme, vous aurez plus de chance pour trouver du travail.
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Les personnes sans emploi sont prises pour des personnes sans intérêt.
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Société, préserve-nous des courbatures ?